Apprendre l’Ouzbek : Les bases à connaitre

L’Ouzbékistan est un pays situé au cœur de l’Asie centrale. C’est une terre de savoirs, de science, et de spiritualité, où de grands savants y sont nés tel que Ibn Sina (Avicenne), Al-Khwarizmi (Algoritmi, le père de l’algèbre) et l’imam Al-Boukhari.

La langue ouzbèke reflète cette riche histoire. On y trouve beaucoup de mots d’origine arabe et persane, héritage de l’époque islamique, ainsi que des mots russes, car l’Ouzbékistan a longtemps fait partie de l’Union soviétique.

Aujourd’hui, je vais vous apprendre les bases et la logique de la langue ouzbèke.

Une langue turcique très simple

L’ouzbek appartient à la famille des langues turciques, comme le turc, l’azéri ou le kazakh, mais il se rapproche particulièrement de l’ouïghour. Après avoir étudié le turc et le kirghiz, j’ai remarqué que l’ouzbek est beaucoup plus facile car il n y’a pas d’harmonie vocale. En effet, les langues turciques sont des langues agglutinantes (on forme les mots en ajoutant des suffixes), et l’harmonie vocale signifie que les suffixes changent selon les dernières voyelles ou consonnes des mots. 

Par exemple, pour former le pluriel, le turc utilise deux suffixes selon la dernière voyelle du mot: -lar ou -ler. En kirghiz c’est plus complexe, il existe 12 suffixes dont le choix dépend à la fois de la dernière voyelle et de la dernière consonne du mot. Tandis qu’en ouzbek, c’est beaucoup plus simple : il n’y a qu’un seul suffixe, lar, utilisé dans tous les cas. Ex. : kitob (livre) → kitoblar, qiz (fille) → qizlar..


Alphabet ouzbek et prononciation

Voici les lettres de l’alphabet ouzbek :

a, b, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, r, s, t, u, v, x, y, z, oʻ, gʻ, sh, ch, ng.

Avec les particularités de prononciation suivantes :

  • X : comme le « j » espagnol de José.
  • Q : comme le « qaf » arabe.
  • O : « a » ouvert.
  • : son « o » fermé.
  • : comme le « r » français de rien.
  • R : roulé comme en anglais.
  • SH : comme « ch » (cheval).
  • CH : comme « tch » (match).

Les pronoms personnels

  • Men → je
  • Sen → tu
  • Siz → vous (politesse/pluriel)
  • U → il / elle
  • Biz → nous
  • Ular → ils / elles

La structure des phrases

L’ordre des mots est Sujet – Objet – Verbe (SOV). C’est différent du français, qui suit Sujet – Verbe – Objet. Par exemple : Amina choy ichadi → « Amina boit du thé » (litt. « Amina thé boit »).

Il n’y a pas de verbe « être » au présent, il est remplacé par des suffixes personnels : Men talabaman→ Je suis étudiant.  : Men = « je », talaba = « étudiant », et -man = suffixe personnel de la 1ʳᵉ personne du singulier signifiant « je suis ». On peut juste dire Talabaman sans le pronom men, parce que le suffixe -man indique déjà que c’est « je ».

La particule -mi pour poser une question

On utilise -mi pour transformer une phrase en question fermée (réponse : oui ou non). C’est exactement comme si on ajoutait « est-ce que » en français. Exemple avec le mot kitob (livre) :

  • Bu kitob. → C’est un livre.
  • Bu kitobmi ? → Est-ce que c’est un livre ?

Réponses possibles :

  • Ha, bu kitob. → Oui, c’est un livre.
  • Yo‘q, bu kitob emas. → Non, ce n’est pas un livre. emas sert à nier (« n’est pas »).

Salutations et formules de politesse

Pour saluer quelqu’un, on dit « Assalom alaykum » ou tout simplement « Salom », et on répond par « Alaykum salom ».

Pour demander « Comment ça va ? », on utilise « Qalaysan » de manière informelle, ou « Qalaysiz » de manière polie. À Tachkent, ils écrivent « Qalesan » et « Qalesiz ». « -san » et « -siz » sont des suffixes personnels correspondant à « tu » et « vous ».

On peut également utiliser « Qandaysan » et « Qandaysiz ». « Qanday » signifie « comment ». De façon très familière, entre amis, vous pouvez utiliser « Nima gap », qui signifie « quoi de neuf ». Le mot « yaxshi » signifie « bien ». Si on veut demander « Est-ce que tu vas bien ? », on dit « Yaxshimisan ? », et pour « Est-ce que vous allez bien ? », on dit « Yaxshimisiz ? ». Décomposons ces mots :

  • « yaxshi » = bien
  • « mi » = particule interrogative (« est-ce que »)
  • « -san / -siz » = suffixes personnels correspondant à « tu » et « vous »

Si on veut dire « je vais bien », on dira « Yaxshiman » : « -man » est le suffixe de la première personne (« je »). On peut aussi dire qu’on va bien avec l’expression Xudoga shukur qui signifie Dieu merci, Xudo signifie Dieu, le suffixe -ga signifie « à » donc Xugoda = à Dieu et shukur signifie merci.

Demander le nom

Pour demander à quelqu’un comment il s’appelle, on dit : « Isming nima ? », qui correspond à « Comment tu t’appelles ? ». Le mot ism signifie « nom » et le suffixe -ing marque la possession, ici « ton ». Si on veut s’adresser à quelqu’un avec respect, on dit plutôt « Ismingiz nima ? », qui veut dire « Comment vous appelez-vous ? », le suffixe -ingiz indiquant « votre ».

Pour répondre, on dit : « Mening ismim + [prénom] ». Par exemple : « Mening ismim Amina », ce qui se traduit par « mon nom est Amina ». (Mening = mon, ismim = mon nom). On peut aussi répondre plus simplement : « Ismim Amina » ou « Otim Amina » (Otim signifie également « mon nom »), ou encore « Men Amina » (« je suis Amina »).

On pourrait se demander pourquoi il y a une sorte de répétition : mening (« mon ») et en même temps -im (suffixe possessif = « mon ») dans ismim. En fait, le mot possessif (mening) est optionnel, parce que le suffixe (-im) suffit déjà à marquer la possession.

Les suffixes possessifs

La possession se marque directement à la fin du mot grâce à un suffixe. Ce suffixe change selon la personne. Prenons l’exemple du mot ism (« nom ») :

  • ismim → mon nom (-im)
  • isming → ton nom (-ing)
  • ismi → son nom (-i)
  • ismimiz → notre nom (-imiz)
  • ismingiz → votre nom (-ingiz)
  • ismilari → leur nom (-lari)

Les pronoms possessifs

En plus des suffixes, il existe aussi les pronoms possessifs indépendants :

  • mening → mon/ma/mes
  • sening → ton/ta/tes
  • uning → son/sa/ses
  • bizning → notre/nos
  • sizning → votre/vos
  • ularning → leur/leurs

Ces pronoms servent à montrer à qui appartient quelque chose. On dira mening ismim pour dire « mon nom » alors que dans une conversation normale, ismim suffit. Prenons un exemple où utilise à la fois les pronoms possessifs et les suffixes possessifs avec le mot kitob qui signifie « livre ».

mening kitobim → « mon livre »

sening kitobing → « ton livre »

uning kitobi → « son livre »

bizning kitobimiz → « notre livre »

sizning kitobingiz → « votre livre »

ularning kitoblari → « leur livre »

Demander l’âge

Pour demander l’âge, on dit « Necha yoshdasan ? » qui veut dire « Tu as quel âge ? ». Necha = combien, yosh = âge, da = dans, san = tu es. Littéralement : « Tu es dans combien d’années ? ». Pour une version formelle, on utilise « Necha yoshdasiz ? » → « Quel âge avez-vous ? ». Exemple de réponse : « Men 20 yoshdaman. » → « J’ai 20 ans. » Et comme on a déjà vu, man est le suffixe de la première personne (je).

Le suffixe -da (dans )

En ouzbek, pour dire « dans », on n’utilise pas un mot séparé comme en français. À la place, on ajoute le suffixe -da directement à la fin du mot. C’est ce suffixe qui indique le lieu.

Par exemple :

  • Mashinada → « dans la voiture » (mashina = voiture, -da = dans)
  • Uyda → « à la maison » (uy = maison)
  • Ishda → « au travail » (ish = travail)
  • Fransiyada → « en France » (Fransiya = France)

Pour demander à quelqu’un où il se trouve, on dit :

  • Qayerdasan ? → « Où es-tu ? » (qayer = où, -da = dans, -san = tu es)

Exprimer la provenance : le suffixe -dan (de / venant de)

Pour dire d’où on vient, on ajoute le suffixe -dan directement à la fin du nom du lieu.

Pour poser la question à quelqu’un :

  • Qayerdansan ? → « Tu viens d’où ? » (informel)
  • Qayerdansiz ? → « Vous venez d’où ? » (poli ou pluriel)

Décomposition :

  • qayer = où
  • -dan = de / venant de
  • -san / -siz = tu es / vous êtes

Exemples :

  • Fransiyadan → « de France »
  • Fransiyadanman → « Je viens de France »

Exprimer la négation avec emas

Pour dire « ne… pas » avec un nom ou un adjectif, on utilise emas.
On place emas à la place du mot que l’on veut nier, puis on ajoute le suffixe personnel.

Exemple affirmatif : Men o‘zbekman → « Je suis ouzbek »

Exemple négatif : Men o‘zbek emasman → « Je ne suis pas ouzbek »

Dialogue complet

  • Sen o‘zbekmisan ? → Es-tu ouzbek ?
  • Ha, men o‘zbekman. → Oui, je suis ouzbek.
  • Yo‘q, men o‘zbek emasman. → Non, je ne suis pas ouzbek.

Mots de base utiles

Oui → ha

Non → yo‘q

Merci → raxmat

S’il vous plaît → iltimos

Au revoir → xayr

Bien → yaxshi

Mauvais → yomon

Super / génial → z’or

Je ne comprends pas → tushunmadim

L’ouzbek est une langue riche et accessible grâce à sa grammaire simple et claire. En comprenant sa logique et quelques expressions de base, vous pouvez déjà progresser rapidement et échanger avec ses locuteurs. Apprendre cette langue, c’est aussi ouvrir la porte à un voyage authentique et à une découverte unique de l’Ouzbékistan.

Pour aller plus loin

Découvrez aussi mon article sur les mots communs entre l’arabe et l’ouzbek.
Si vous êtes curieux des autres langues turciques, je vous invite à lire Apprendre le kirghiz ou mon article sur les similarités entre la langue turque et la langue kirghize.

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